S’isoler.

Isoler les individus pour qu’ils ne prennent pas le risque de se transmettre quelque chose de dangereux (idée, opinion, information ou virus) est une mesure d’urgence, ici de santé publique.

Mais comment la solitude peut se vivre enfermé chez soi avec femme, mari ou compagnon et enfants ? Coupé des autres, mais contraint à la promiscuité conjugale ou familiale ?

Ce que nous vivons est une expérience large des paradoxes de nos existences dont nous pouvons habituellement faire l’économie. Mais pas dans cette période de crise sanitaire qui crée un « nous », un temps pendant lequel prendre soin de ce « nous » oblige à nous retrancher chacun chez soi.

C’est la nature du paradoxe que de faire coexister deux réalités qui ont l’air d’être exclusives l’une de l’autre, incompatibles et irréconciliables, alors qu’elles ne sont pas vraiment sur le même plan.

Car l’isolement physique en appelle un autre encore plus inhabituel dans notre société : nous isoler dans notre intériorité.

(Re)découvrir que nous avons du temps pour rêver, imaginer, laisser notre esprit vagabonder librement. Prendre le temps de nous émerveiller de la beauté d’un ciel particulièrement bleu en l’absence de pollution, des couleurs éclatantes des fleurs après des mois de grisaille et de pluies.

D’apprendre à aimer ce que nous possédons déjà, ceux qui nous entourent, plutôt que de chercher à acquérir de nouveaux objets pour combler nos manques. Mais c’est là un travail qui exige de rentrer en soi-même, pour être plus ouvert aux autres ensuite.

Mieux vaut s’isoler dans un bon bouquin que dans une mauvaise dispute !