Guérison, reconstruction et linéarité

Daniel Kahneman, psychologue prix Nobel d’économie pour ses travaux sur les théories de la décision, nous livre dans son ouvrage  » Système 1 Système 2, les deux vitesses de la pensée « , de précieuses informations.

30 ans de recherches internationales sur le sujet « comment l’Homme prend-il ses décisions, seul ou en groupe ? » lui permettent d’attirer notre attention sur notre aisance à nous tromper sans nous en rendre compte.

Ainsi, notre besoin de nous raconter une bonne histoire sur nous-mêmes et le monde qui nous entoure, notre besoin d’un sentiment de cohérence, de causalité, d’être finalement rassuré sur nous-même par notre façon de penser, nous conduit dans certain cas à agir de façon totalement irrationnelle au bénéfice d’une croyance qui nous guide, sans que nous pensions à l’identifier et prenions la précaution de l’analyser.

C’est pourquoi, au cours d’un processus thérapeutique qui permet une libération objective, d’une addiction par exemple, qu’elle ait été à une substance, à un comportement, ou à une relation, la rechute, aussi inévitable que les chutes lorsque nous apprenons à marcher, peuvent être ressenties d’un façon douloureuse et beaucoup trop déstabilisante par rapport à leur impact réel sur la qualité de nos avancées, si nous ne prenons pas en compte certains éléments.

Les émotions désagréables à ressentir, desquelles le comportement de dépendance avait pour fonction de nous protéger (sans y parvenir dans la durée), ressurgissent avec beaucoup d’intensité lorsqu’une circonstance difficile surgit sur le parcours de guérison.

Mais, après avoir gravi plusieurs mètres, le retour en arrière réel est bien souvent de quelques centimètres seulement, sans remettre en cause tout le terrain gagné, contrairement à ce que nous suggère l’intensité des émotions (peur, notamment).

Dans ces moments-là, grâce aux compétences que vous avez acquises au cours de notre travail, prenez en compte votre émotion pour lui permettre de s’apaiser en analysant les faits.

Considérez tous les progrès que vous avez accomplis en gestion des émotions, relations à vous-même et aux autres, gestion de la détresse et capacité à vivre ici et maintenant (mindfulness). Mesurez-les, et rappelez-vous les témoignages de votre entourage sur les aspects positifs des changements que vous avez entrepris.

Souvenez-vous de tout ce qui ne marchait pas, et que vous avez su arrêter.

Valorisez toutes les compétences nouvelles que vous avez mises en pratique et qui fonctionnent car elles vous permettent d’atteindre beaucoup plus souvent vos objectifs.

Accueillez la difficulté comme faisant partie du chemin, mais ne la laissez pas vous mentir : vous êtes en train de réussir, persévérez !